21 juin 2020

Les combats de Kruth

Une CHR au combat


Insigne du 7e BM
Depuis le début de la guerre, le 7e bataillon de mitrailleurs (BM), venu de Montélimar, monte la garde au Rhin.

Sa compagnie hors-rang (CHR), est constituée des services : bourreliers, boulangers, secrétaires etc. Elle est commandée par le capitaine Genton ancien de la Grande Guerre, soldat en 1914 sous-lieutenant en 1918. Il sait ce que se battre veut dire.

À compter du 16 juin, la CHR suit donc le destin des autres CHR de sa division à travers les Vosges. Finalement elle reçoit l’ordre de redescendre dans la vallée de la Thur et de se porter à Kruth.

Le 19 juin à la mi-journée la colonne s’arrête à la hauteur du piton rocheux sur lequel se trouvent les ruines du château de Wildenstein au fond de la vallée. L’éperon la sépare en deux à cet endroit.

Là, se trouve des éléments du 613e régiment de pionniers (RP) édifiant une barricade de rondins sans aucune autre unité de soutien. Genton décide alors de barrer la route aux allemands. Pour ce faire il provoque des ordres directs du général de la 105e Division d’Infanterie de Forteresse. Sa proposition est acceptée. Il reçoit la permission d’amalgamer à son dispositif toutes les unités le traversant.

C’est ainsi qu’il récupère, en deux jours, une paire de canons de 75 mm du I/170e Régiment d’artillerie de position (RAP) commandé par le lieutenant Le Pavec, des éléments du 10e RIF, du 371e RI, une centaine de pionniers du 613e RP et des mitrailleurs du 8e BM. Un médecin-major du 159e RAP et sa sanitaire se mettent à sa disposition.

La journée du 20 juin se passe à organiser les barrages. De l’essence, des munitions et des vivres sont acheminés depuis le dépôt de Ranspach. Prévoyant, Genton établit un itinéraire et une position de repli sur le sommet du Grand Ventron.

Le barrage ouest est constitué d’une pièce de 75 mm protégée par les pionniers. En arrière de celui-ci deux groupes protègent l’accès au chemin de repli. Les chenillettes ainsi que la sanitaire y stationnent prêts à démarrer. Il est flanqué à l’ouest dans la forêt par des hommes du 8e BM.

Le barrage est s’organise de la même façon autour d’un canon. Quatre groupes du 7e BM s’échelonnant
vers l’est bordées par celui du 371e RI dans la forêt. Genton installe son PC et le fanion de la  compagnie de ce côté. Un FM est installé sur le côté de l’éperon en surplomb.

Positions le 21/06/1940
Le 21 juin à la mi-journée la pluie se met à tomber. Un tir d’artillerie allemand sonde à l’aveugle la position. Quelques blessés sont à déplorer. Les français ne ripostent pas, pas plus qu’ils tirent sur l’avion de reconnaissance passant au-dessus d’eux. Il faut garder l’effet de surprise.

Les Allemands débouchent alors en ordre de marche depuis Kruth sans savoir qu’un barrage leur fait face. Un petit groupe laissé en sonnette les laisse approcher et les prend à parti avant de se replier et dégager le champs de tir.

Les premiers échanges ont lieu. Le barrage est alerté. Les canons français tirent à zéro à une allure endiablée, Les FM placés sur les côtés du piton rocheux rafalent prenant les allemands en enfilade. Genton constate au milieu de la fumée des tirs que les allemands sont stoppés net. Ils se sont dans un premier temps couchés, se relèvent puis, hésitants se replient vers Kruth. L’ennemi recule également dans le chemin forestier à l’est. La première manche est pour les français qui exultent.

Une série de fusées vertes s’élèvent au sud et un bombardement de percutants et de fusants s’abat simultanément sur les deux barrages. Le fracas des explosions est effrayant. Profitant d’une accalmie Genton se rend en moto au barrage ouest dont il est sans nouvelles. Il constate que la défense n’a pas été aussi efficace ici. La position a flanché. Néanmoins les allemands se sont retirés pour laisser le champs libre à leur artillerie. Le capitaine en profite pour y placer deux groupes de FM.

À la tombée de la nuit les allemands essaient, timidement, de forcer à nouveau le barrage à l’ouest. Mais sont accueillis par le tirs des FM qui les repousse. A l’est le 75 mm continue à tirer. Les Allemands n’insistent pas.

Le bombardement allemand reprend sporadiquement. Genton évalue la situation. Les barrages ont tenu
mais il n’y a plus assez d’effectifs. Estimant sa mission remplie et l’honneur étant sauf il s’achemine vers le grand Ventron s’assurant que les positions sont évacuées.

Jean-François Althaus
Mémorial Maginot de Haute-Alsace
casemate de l’Aschenbach

Source : SHD Vincennes 34N235

Retour à la page de la Commémoration virtuelle

Aucun commentaire: