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Le Général de Gaulle lors de la Bataille d'Abbeville, le 28 mai 1940 Tableau d'Albert Brenet Exposition sur la Bataille d'Abbeville, Château de Bagatelle
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En ce 80e de 1940, tout à la
réédition de son " De Gaulle sous le casque ", Henri de Wailly,
officier, historien connu par ses travaux d’histoire
contemporaine, principalement autour de la Seconde Guerre mondiale, et Membre d'Honneur du Collectif France 40, nous fait l'honneur d'une précieuse contribution de plusieurs articles que nous allons publier tout au long de cet été : " un stock de mobilisation dans
lequel on va piocher ce qui est nécessaire au moment voulu ".
Voici le troisième article, il est consacré au rôle du général de Gaulle en 1940.
Les
souvenirs des combats de 1940 ont été largement masqués par les
propagandes, puis par des légendes. J’ai voulu en savoir davantage. J'ai
donc systématiquement recherché à partir des années 60 les témoins
français, anglais, puis allemands de ces combats sur la Somme, en
particulier les membres de l'état-major du général de Gaulle. J'ai
poursuivi cette enquête en ne tenant compte que des témoignages directs
et des documents de l'époque à l'exclusion des commentaires. J'ai ainsi
découvert que la bataille d’Abbeville avait impliqué trois divisions
blindées alliées qui avaient attaqué successivement et sans coordination
la position allemande, la division de Gaulle étant la seconde. Au
total, plus de 500 blindées ! C'était un événement tout à fait inconnu
encore.
Aucune des trois attaques n'obtint le succès, mais le Général
démontra son exceptionnelle détermination en attaquant l'ennemi avec
une telle violence qu’il le mit une fois en déroute, fait unique à
l'époque. À ce titre il se montra avec ses troupes, dès avant le 18
juin, un authentique résistant. Fut-il un grand tacticien ? Probablement
pas. Fut-il un bon stratège ? Indiscutablement, puisqu'il est le
premier en France à avoir souligné l'importance que les chars
prendraient à cette bataille. Par ailleurs, il fut le seul qui prononça
successivement, au cours de cette brève campagne, trois attaques
sérieuses qui, n'eussent-elles pas été couronnées de succès,
témoignèrent à la fois de sa volonté de résistance et du courage
éclatant de ces soldats de 40 que l'on a tant mésestimés.
Dès le 5
juin, encore sur le terrain des combats, il confiait à un membre de son
état-major la manière dont il voyait l'avenir, l'effondrement militaire
et la demande d'un armistice qui le scandalisait. L’homme d'État
pointait sous l'officier. Tous les jours il était d’ailleurs en rapport
téléphonique avec le président du conseil Paul Reynaud. Nommé
sous-secrétaire d'État à la guerre le 6, il rencontra Churchill deux
fois avant de se rendre à Londres, et c'est ainsi qu'il put, dès son
arrivée en Angleterre, lancer son appel à la BBC.
Henri de Wailly
Juillet 2020
À
partir du 28 mai 1940, la 4e division cuirassée du colonel de Gaulle
participe à l'offensive d'Abbeville, sur la Somme, qu'elle mène jusqu'à
l'épuisement. Le 5 juin, le général (à titre provisoire) de Gaulle
devenait sous-secrétaire d'État à la Guerre et à la Défense nationale.
C'est cette brève, mais violente période de sa vie qui est ici mise en
lumière. Pour y parvenir, l'auteur a mené une enquête minutieuse en
France et en Allemagne afin de regrouper les rares textes contemporains
et de recueillir plusieurs centaines de témoignages, tant auprès de ceux
qui servaient avec de Gaulle qu'auprès de l'ennemi. Vif, contrasté,
rapide, surprenant, ce récit nous emporte des centres de décision au
terrain, du PC même du Général à celui de son adversaire. L'image qui se
dégage est celle d'un chef solitaire et énergique, mais aussi celle
d'un homme sourd à tout conseil, jaloux de son autorité, plus attaché
aux données stratégiques de la guerre qu'aux conditions imposées du
combat.
Un ouvrage original, sans complaisance, dont les informations sont puisées aux meilleures sources.
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