Le château de Bagatelle à Abbeville (Somme) qui a abrité jusqu'en 1995 le Musée de la Bataille d'Abbeville de mai-juin 1940. |
Pendant la guerre, Abbeville, en zone interdite, et placée sous administration militaire allemande, était séparée du reste du pays. Ce n’est qu’en 1945 que ma famille put enfin rentrer d’évacuation. J'avais alors douze ans et une bicyclette avec laquelle je courais la campagne pour tenter de trouver du ravitaillement encore rare. À cette occasion, je découvris des traces encore bien visibles de la bataille de 1940, en particulier le vaste cimetière allemand qui contenait plus d’un millier de tombes, et de nombreux petits cimetières de cinq à dix tombes françaises et anglaises dispersées dans la campagne. Il y avait encore des trous d’obus, des tranchées, et je compris que les combats avaient été très importants. Personne, pourtant, ne semblait pouvoir expliquer ce qui avait eu lieu. C'est donc plus tard, en étudiant une histoire que personne n'avait jamais écrite, que je découvris que les plus grandes personnalités de l'époque étaient passées par Abbeville à cette époque : en 1939 Gamelin, Daladier, Chamberlain et lord Ismay, chef d'état-major britannique, puis en 1940 Guderian, Weygand, de Gaulle, von Manstein, l’auteur du plan d’invasion, Hitler lui-même peu après, et Goering en 1941.
Comme tous les gamins, j'avais réuni une petite collection de souvenirs concernant cette époque qui, enrichie par de nombreuses photos et quelques objets prêtés, fournit la base d'une exposition qui, en 1972, remporta un surprenant succès. Encouragé par François Vauvilliers, je décidai alors en 1974 de fonder l'association "France 40 " et de transformer l'exposition en musée permanent.
C'est alors que Didier Coste intervint avec son extraordinaire connaissance des opérations, des collectionneurs et des restaurateurs de véhicules. Nous fîmes immédiatement équipe et c'est ainsi qu'en quelques années, à l'association "France 40-Musée d’histoire" vint s'ajouter "France 40-Histoire vivante" qui développèrent ensemble tous les deux ans des "Journées d'histoire vivante d’Abbeville". Celles-ci rencontrèrent un succès croissant auprès des collectionneurs privés. L'armée et le musée de Saumur, ainsi que le Souvenir Français nous apportèrent successivement l’appui de leur matériel et de leurs moyens, si bien qu’en 1990, les commémorations du cinquantenaire de la bataille, inscrites dans la courte liste des manifestations nationale officielles, remportèrent un succès qui a marqué les souvenirs.
Sous l'impulsion de Laurent Vermot-Desroches "France 40-véhicules" constitua par la suite un apport déterminant au développement du "Collectif France 40" qui s’était déjà constitué. Enrichi aujourd'hui par la même exigence de rigueur dans le rappel de ce qu'avait été cette armée trahie par le sort, le souvenir vivant des armées françaises et anglaises de 1940 continue d'inspirer des associations de qualité issues de toute la France.
Aujourd'hui, le musée a disparu, mais l'esprit demeure étonnamment vivant et je ne pouvais pas penser, voici plus de 50 ans, à un tel développement, à un tel rayonnement. Fondée dans un esprit européen, "France 40" a toujours associé à ses activités des collectionneurs britanniques et dans une moindre mesure, polonais, belges et hollandais. Si, naturellement, l'ancien adversaire n'a jamais été associé à nos activités, il n'en reste pas moins que l'attaché militaire allemand était invité aux commémorations principales que nous avons organisées, au même titre que les attachés militaires anglais, et à un représentant de la Pologne, puisque sur le monument de Huppy est inscrite la phrase, sous les casques français, anglais et allemand : " A tous les combattants tombés sur le sol de Picardie." Des anciens combattants venus de Bavière par cars entiers venaient d'ailleurs assister à ces manifestations du souvenir, et une messe des morts était célébrée par des aumôniers militaires français, allemands et britanniques. Cette dimension européenne et spirituelle n'est pas pour rien, je le sais, pour le succès de ce que nous poursuivons.
Le monument de la Bataille d'Abbeville de Huppy érigé en 1990 |
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De Gaulle sous le casque
Henri de Wailly
Abbeville 1940
Paru le 18 juin 2020
Le récit haletant d'une brève mais violente période de la vie du général de Gaulle qui, du 28 mai au 5 juin 1940, résista aux Allemands sur la Somme à la tête de cinq cents chars.
À
partir du 28 mai 1940, la 4e division cuirassée du colonel de Gaulle
participe à l'offensive d'Abbeville, sur la Somme, qu'elle mène jusqu'à
l'épuisement. Le 5 juin, le général (à titre provisoire) de Gaulle
devenait sous-secrétaire d'État à la Guerre et à la Défense nationale.
C'est cette brève, mais violente période de sa vie qui est ici mise en
lumière. Pour y parvenir, l'auteur a mené une enquête minutieuse en
France et en Allemagne afin de regrouper les rares textes contemporains
et de recueillir plusieurs centaines de témoignages, tant auprès de ceux
qui servaient avec de Gaulle qu'auprès de l'ennemi. Vif, contrasté,
rapide, surprenant, ce récit nous emporte des centres de décision au
terrain, du PC même du Général à celui de son adversaire. L'image qui se
dégage est celle d'un chef solitaire et énergique, mais aussi celle
d'un homme sourd à tout conseil, jaloux de son autorité, plus attaché
aux données stratégiques de la guerre qu'aux conditions imposées du
combat.
Un ouvrage original, sans complaisance, dont les informations sont puisées aux meilleures sources.
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