1 août 2020

Le souvenir des armées de 1940 doit demeurer vivant, par Henri de Wailly

En ce 80e de 1940, tout à la réédition de son " De Gaulle sous le casque ", Henri de Wailly, officier, historien connu par ses travaux d’histoire contemporaine, principalement autour de la Seconde Guerre mondiale, et Membre d'Honneur du Collectif France 40, nous fait l'honneur d'une précieuse contribution de plusieurs articles que nous allons publier tout au long de cet été : " un stock de mobilisation dans lequel on va piocher ce qui est nécessaire au moment voulu ".

" Je souhaite au collectif de pouvoir dépasser l’épreuve de la suppression des commémorations cette année, mais je suis très confiant dans l'avenir avec des organisateurs passionnés comme vous et ceux qui vous entourent.
Je vous adresse à tous mes encouragements chaleureux. "
Avec ma très fidèle amitié,
Henri de Wailly

Cette défaite humiliante, infligée en quelques semaines, a provoqué quatre années d'une occupation tragique, mais aussi un traumatisme qui ne s'est jamais effacé. Il n'est pas de semaine que les médias français n'y fassent allusion. On est d’ailleurs surpris de voir encore repris le vieux bobard concernant cette défaite, car d'excellents articles dans la presse historique et de très bons ouvrages allemands et français ont parfaitement situé les responsabilités qui ont amené à ce drame.

Contrairement à ce que beaucoup croient encore, l'armée française ne s'est pas effondrée sans combattre. Si elle a souffert d'une impréparation mortelle en organisation et en formation, les combattants se sont aussi bravement comportés que ceux de 1914 en Belgique. Le nombre de morts en six semaines est en effet comparable à celui des pires moments de la guerre précédente pour la même durée. Mais s’ils ont été si rapidement débordés, c'est qu'ils n'ont pas eu le temps de se retourner après une nouvelle retraite de la Marne, la rapidité de la guerre mécanique préparée par l’Allemagne ayant été fulgurante.

La raison de ce désastre est donc avant tout l’impréparation dramatique d'un état-major dominé par les conceptions de la guerre précédente. Ce ne sont en effet ni le matériel ni le courage qui nous ont manqués, mais la compétence. Les deux grandes causes du désastre sont d'une part la décision catastrophique du général Gamelin d'avoir expédié ses réserves − l'armée Giraud −, derrière les ports belges, se privant ainsi de toute possibilité de réaction significative. La seconde est notre impréparation totale dans le domaine des chars, notre ignorance de ce qu'auraient du être une Division Cuirassée pour être capable de contrebattre les Panzers adverses. Nous pensions encore qu'il s'agissait d'une masse de chars allant ensemble alors qu'il s'agit de bien autre chose, d'un amalgame d'armes différentes habituées à travailler ensemble, au même rythme, et parlant le même langage à travers des transmissions parfaitement au point. Naturellement, on connaît les retards de notre aviation, mais ceux-ci étaient prêts d'être compensés. 1914 avaient connu de tels retards dans l'équipement, notamment en termes d'artillerie lourde et de mitrailleuses et les avait surmontés. Pour se redresser, les Anglais disposeront de la tranchée de la Manche, et les Russes d'immense glacis. Nous, nous serons rapidement acculés dans un coin du ring.

On peut affirmer néanmoins que les cent mille morts tombés en1940 furent les premiers résistants, et il est désolant de les voir encore accablés, comme s'ils avaient manqué à leur tâche. S’il est impossible de refaire l'histoire, il est essentiel de rappeler leurs sacrifices afin de restaurer un peu de la fierté française. C'est la raison pour laquelle le collectif France 40, en rappelant cet immense sacrifice, réalise une œuvre d'utilité nationale.

Henri de Wailly
Juillet 2020

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De Gaulle sous le casque
Henri de Wailly
Abbeville 1940
Paru le 18 juin 2020


Le récit haletant d'une brève mais violente période de la vie du général de Gaulle qui, du 28 mai au 5 juin 1940, résista aux Allemands sur la Somme à la tête de cinq cents chars.

À partir du 28 mai 1940, la 4e division cuirassée du colonel de Gaulle participe à l'offensive d'Abbeville, sur la Somme, qu'elle mène jusqu'à l'épuisement. Le 5 juin, le général (à titre provisoire) de Gaulle devenait sous-secrétaire d'État à la Guerre et à la Défense nationale. C'est cette brève, mais violente période de sa vie qui est ici mise en lumière. Pour y parvenir, l'auteur a mené une enquête minutieuse en France et en Allemagne afin de regrouper les rares textes contemporains et de recueillir plusieurs centaines de témoignages, tant auprès de ceux qui servaient avec de Gaulle qu'auprès de l'ennemi. Vif, contrasté, rapide, surprenant, ce récit nous emporte des centres de décision au terrain, du PC même du Général à celui de son adversaire. L'image qui se dégage est celle d'un chef solitaire et énergique, mais aussi celle d'un homme sourd à tout conseil, jaloux de son autorité, plus attaché aux données stratégiques de la guerre qu'aux conditions imposées du combat.
Un ouvrage original, sans complaisance, dont les informations sont puisées aux meilleures sources.

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