21 juin 2020

Les combats au col du Bramont

Des artilleurs fantassins


Insigne du 159e RAP
Au nord du du barrage du 7e BM se trouve le col du Bramont marquant la limite départementale Haut-Rhin-Vosges. La route qui en descend va vers la Bresse ultime PC de la VIIIe armée dont dépend la 105e DIF. Le col lui-même est tenu par deux 75 mm du 44e RA et l 3/302e RI.

Le 19 juin, le commandant de L’artillerie divisionnaire 105 ordonne au chef d’escadron Dubois du VII/159e RAP de tenir le croisement de la route descendant du Bramont avec la route des américains. Ce ruban d’asphalte de quelques km aboutit à la route des Crêtes. Armés d’une centaine de fusils, d’une centaine de grenades, deux FM 1924, trois Chauchat et deux mitrailleuses Saint-Étienne et 16 0000 cartouches, il espère profiter du terrain boisé et accidenté. Vers 16 h, les artilleurs s’installent et creusent leurs trous individuels. Le lit du ruisseau qui court derrière la ligne de défense permet de circuler à l’abri des regards adverses.

Le 20 juin en fin de journée, des artilleurs de la batterie «Eustache» arrivent sur la position. Ils viennent de parcourir 80 km à travers les lignes après être restés en arrière-garde dans la forêt de la Harth en soutien de la «croûte» laissée le long de la ligne Maginot.

Le 21 juin, toute la défense est maintenant dirigée vers l’est, vers le Rainkopf. Là-bas le 10e bataillon de chasseurs Pyrénéens du commandant Mialet, à court de munitions, et sans artillerie succombe. Vers 18 h 30, des éléments de passage du 613e RP et du II/302e RI sont amalgamés au dispositif de Dubois.

Celui-ci s’articule sur trois lignes orientées nord sud et appuyées sur le relief. Une première ligne de petits postes fait office de sonnette. La seconde ligne est la ligne principale de résistance d’environ 600 m de long allant presque jusqu’au sommet, enfin une dernière ligne de soutien éventuel. Les véhicules sont parqués au croisement des routes à l’abri des arbres. Un peu en arrière se trouve le poste de secours. Les éléments amalgamés sont placés le long de la route descendant vers la Bresse.

À 21 h 10, les petits postes se replient. l’ennemi est là. Un tir violent se déclenche depuis la ligne est. Grâce à la lumière encore suffisante sous bois une colonne entière est identifiée en provenance de l’étang de Machey.
Au coude la route quelques véhicules sont renversés par les Allemands pour constituer une barricade d’où ils peuvent tirer.
Côté allemand, afin d’enlever la position, les prisonniers du Rainkopf sont poussés en avant afin de faire cesser le tir français. Malgré cela le feu ne diminue pas sauf pour les armes battant la route en enfilade. Le bilan fera état cinq chasseurs prisonniers tués. Le lieutenant, des chasseurs, Laffitte-Laplace arrive miraculeusement indemne à la position française. D’autres chasseurs parviennent à le rejoindre.

À 2 1h 30, les échanges de coups de feu continuent. Les Allemands disposent une mitrailleuse lourde sur leur barrage improvisé et tirent violemment vers la Saint-Étienne tenant la route et le barrage en enfilade.

Vers 23 h, la nuit est tombée et une activité suspecte est détectée du côté allemand au coude de la route. Une patrouille française remonte discrètement en rampant dans le fossé et lance une série de grenades.

La mitrailleuse allemande s’est tue. Cela n’empêche pas les Français d’arroser la route dès qu’un mouvement est décelé. Les échanges de coup de feu continuent avec une intensité variable toute la nuit. À la pointe du jour, vers 3 h 30, Dubois s’attendant ce qu’ils soient bombardés, fait évacuer les véhicules sauf la sanitaire. Des munitions et le ravitaillement (pains, conserves et vin) pour la journée sont distribués aux canonniers.

Les Allemands font intervenir des 105 et des mortiers à partir de 5 h. Quelques blessés français de la veille en profitent pour rejoindre les lignes françaises.

La fusillade reprend avec une grande violence à 7 h. Une petit groupe est envoyé sur le sommet du Bramont afin de faire un feu violent en direction de l’étang de Machey pour donner l’impression d’une forte implantation.

La Saint-Étienne et ses servants sont atteints par un tir de mortiers à 8 h 30 tandis que les FM continuent de balayer la route. Le feu ralentit peu à peu côté français car les munitions s’épuisent. L’ennemi finit par arriver au contact de la ligne principale dans la forêt. Les artilleurs pressés se retirent vers l’ouest en tiraillant. Néanmoins les Allemands ne suivent pas le mouvement craignant probablement une riposte.

Les défenseurs restant se retrouvent à 10 h au col du Bramont après s’être repliés sans anicroche.


Jean-François Althaus
Mémorial Maginot de Haute-Alsace
casemate de l’Aschenbach

Source : SHD Vincennes carton 34N625

Retour à la page de la Commémoration virtuelle

Aucun commentaire: