7 juin 2020

Bombarder Berlin !

Le Jules Vernes premier avion allié sur Berlin


Issu de la lignée des Farman 220, le modèle NC 223.4 est à l’origine un appareil destiné à la compagnie Air France qui cherche un avion transatlantique. Trois exemplaires sont construits.

Le 02 puis 2, baptisé Jules Verne, termine ses essais civils en mars 1940. Le capitaine de corvette Daillière demande immédiatement qu’il soit mis à la disposition de la Marine comme le 1 Camille Flammarion sur lequel il vole déjà.

Illustration tirée de La revue de l'armée de l'Air n°112, novembre 1938

Le 6 avril l’avion accomplit sa première mission militaire. Il est alors décidé de le militariser, ce qui est fait à Toussu-Le-Noble entre le 23 avril et le 6 mai : mise en peinture noire du fuselage inférieur, changement pour des moteurs plus puissants, installation d’une mitrailleuse Darne de 7,5 mm, installation de râteliers extérieurs de bombes, transformation du nez en poste de bombardier, aménagement d’un poste de navigateur et mise en place de nouveaux réservoirs dans le fuselage.

Après des essais le 10 mai, il accomplit sa première mission de bombardement au-dessus d’Aix-la-Chapelle le 13 mai et une identique le lendemain. Le 18 mai il est regroupé avec ses deux congénères Camille Flammarion et Le Verrier au sein de l’escadrille de Marine B5.

Les missions se succèdent : Walcheren, Flessingue, Anvers, Calais. Le 3 juin il escorte le croiseur Émile Bertin transportant l’or de la Banque de France.

Le 6 juin il rejoint Bordeaux-Mérignac, base disposant de la plus longue piste en dur de France. Les pleins sont faits et 8 bombes de 250 kg sont chargées. L’objectif est... Berlin en réplique de l’attaque aérienne allemande sur Paris le 3 juin. Les consignes sont de ne pas bombarder la ville et de ne pas descendre en dessous de 1 500 mètres.

Dans l’après du 7 juin le lourd bimoteur s’arrache de la piste avec comme équipage le capitaine de corvette Daillière (commandant de bord), premier maître Yonnet (pilote), enseigne de vaisseau Comet (navigateur), maître Corneillet (mécanicien), maître Scour (radio) et second-maître Deschamps (mitrailleur et bombardier).

Le périple qu’il engage, 5 000 km, débute par un cap au nord. Il franchit la côte à la hauteur d’Arromanches, se dirige vers la mer du Nord, survole le Danemark et enfin met le cap au sud. Il arrive sur la ville par le nord nord-est après plus de huit heures de vol. Tout cela permet de créer la surprise.

À 0 h 05, Daillère fait larguer les bombes de 250 kg tandis que le mitrailleur balance à la main des bombes incendiaires de 10 kg par la porte arrière. l’avion en profite pour effectuer plusieurs passages en jouant avec ses régimes moteurs pour faire croire à une formation nombreuse. Reprenant le chemin du retour le Jules Vernes se pose sans encombre à Orly à 4 h 02.

Il reprend ses vols. Le 10 juin il bombarde Rostock ; le 13 juin, il attaque le port de Venise et le 14 juin, ce sera le tour de Livourne.

Le 16 juillet les NC 223.4 sont restitués à Air France.

Jean-François Althaus
Mémorial Maginot de Haute-Alsace – casemate de l’Aschenbach

Sources :
  • Aéro-Journal n°18, avril-mai 2001
  • Avions, 28 juin 1995
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