Les bombardiers en piqué français
En France, le bombardier en piqué a eu ses partisans. Mais contrairement à l’Allemagne, ce sont ses opposants qui ont longtemps été écoutés. De sorte que le premier modèle, le Loire Nieuport LN-40, a été développé pour la Marine Nationale. Malheureusement, l’appareil était sous-motorisé et donc très lent. L’armée de l’Air l’a donc rejeté après s’y être un temps intéressé.
Des débuts encourageants :
Au 10 mai 1940, l’Aéronautique navale disposait de quatre escadrilles de bombardement en piqué. Faute de porte-avion à partir desquels elles pouvaient opérer, elles étaient basées à terre. La moitié était équipée d’un appareil américain, le Vought V-156-F, l’autre de LN 401 ou 411. Comme on l’a vu précédemment, l’escadrille AB3 fut rayée des cadres dès les premières heures de l’attaque allemande… Faute de navires allemands à attaquer, les escadrilles AB1 et AB2 furent employées à soutenir les forces de la VIIe Armée qui combattaient en Zélande, les 16 et 17 mai. Ces missions contre des objectifs terrestres se déroulèrent sans ennuis. Malheureusement, ça ne dura pas.
Deux missions très gourmandes :
Le 18 mai 1940, le général commandant la ZOAN demanda que les bombardiers en piqué intervinssent contre les chars allemands, que rien ne semble arrêter ! Mission accordée pour le 19 mai. Ce furent les escadrilles AB2 et AB4 qui s’y collèrent. Leur objectif était le village de Berlaimont, atteint le 17 par la 5. Panzerdivision. 20 bombardiers LN-401 et 411 décollèrent vers 18 h 15 de Berck. Au-dessus de la forêt de Mormal, puis de l’objectif, la DCA allemande se déchaîna. 9 appareils furent abattus par la Flak et un 11e tomba victime... de notre propre DCA ! Les 10 rescapés rentrèrent à Berck dans un état parfois lamentable (l'un d'eux ne sera pas réparé) ! Arnaud Prud’homme chiffre à 300-400 tués les pertes allemandes.
Le pont enjambant le canal de la Sambre à l'Oise, à Origny-Sainte-Benoîte. |
Le 20 mai, dans l’après-midi, on demanda de nouveau aux bombardiers en piqué de sortir. Cette fois ce furent les V.156-F de l’AB1 qui fournirent le gros de l’expédition, bien que les escadrilles AB2 et AB4 avaient également été priées de donner tout ce qu’elles avaient. L’objectif était le pont d’Origny-Sainte-Benoîte, sur le canal de la Sambre à l’Oise : il fallait couper la route des blindés allemands qui fonçaient vers la mer ! 11 V-156-F et… 3 LN prirent la route de ce point stratégique. Mais les LN eurent du retard… c’est ce qui les sauva. En effet l’escorte était absente... mais pas la chasse allemande, qui tomba sur le dos des Vought. 5 furent abattus ! et les autres dispersés. 1 seul parvint sur l’objectif mais il fut abattu sur le chemin du retour. Les LN arrivèrent à leur tour et furent chaudement accueillis par la Flak ! Malgré cela, le pont était coupé ! mais 1 avion avait encore été perdu… et les dégâts de l’édifice furent vite réparés…
source : Cornwel P, The Battle of France then and now, After the Battle, 2007 |
Le début de la fin :
Les Allemands continuaient donc de se rapprocher de la Manche.
Le 21 mai après deux missions pour fixer leur avance et deux bombardements allemands,
ce qui volait fut évacué vers Cherbourg. Le bombardement en piqué était à reconstituer. Pourtant, nos bombardiers en piqué, n'y seraient pas si tranquilles et leur service allaient bientôt être de nouveau demandés !
En maquette :
Administrateur de la Section Air du Collectif France 40
Sources :
- Cornwel Peter, The Battle of France then and now, After the Battle, 2007
- Ehrengardt Christian-Jacques, Le Vought V-156-F, Aérojournal n°17, août-septembre 2010
- Ehrengardt Christian-Jacques, Le Loire-Nieuport 40, Aérojournal n°23, août-septembre 2011
- Denis Éric, 1940 la Wehrmacht de Fall Gelb, Économica, 2017
- Prudhomme Arnaud, Les bombardiers en piqué Loire-Nieuport, éditions TMA, 2005
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